Pièces uniques

La petite clef

Le prédateur de la psyché (ce pouvoir destructeur qui fait échouer, avorter les rêves et éloigne des buts de l’âme) est représenté dans ce conte par Barbe Bleue. Il signifie un grand danger pour toute personne jeune ou encore naïve qui n’a pas su le reconnaître ou qui se cache la vérité. Les jeunes gens non conscients d’être des proies faciles prennent des risques afin de se rendre compte par eux-mêmes.

Têtus, ils sont persuadés de savoir comment s’y prendre et peuvent se laisser abuser par le désir du plaisir immédiat (comme le fait la plus jeune soeur du conte.) Si leur instinct fondamental n’a pas été développé par des adultes qui ne les auraient pas initiés à ne jamais aller à rencontre de cette petite voix intérieure; ces jeunes sont faciles à duper.

Si éduquées pour « réparer » ou « combler » un vide dans la vie de l’adulte ou si l’on a enseigné à nos filles à être « gentilles »; à être « trop gentilles », il est facile au prédateur « d’épouser » celle-ci et d’entraver sa liberté. Il s’agit de la laisser visiter toutes les pièces du château sauf une : celle où résident les bonnes réponses ; celle où sont emmurés les dons, les rêves, les objectifs et les talents. Nombre de femmes se sont cachées, ce qui ne leur convenait pas mais s’attachaient à Barbe Bleue en pensant « le soigner », le « changer » et se sont choisies des hommes destructeurs. Ce conte relate cette initiation, cet éveil qui ne s’opère que si l’on pose les bonnes questions. Qu’est-ce qui m’entrave, qu’est-ce qui me limite, qu’est-ce qui me coupe les ailes, me vide au lieu de me nourrir?

Poser la bonne question c’est posséder la bonne clef. La petite clef qui ouvre une porte : celle de la bonne réponse. Poser la bonne question, c’est avoir la clef magique pour prendre conscience des choses et permettre l’émergence des talents, des rêves oubliés, des buts avortés, emmurés. Alors seulement on peut reprendre possession des trésors de l’âme. Violer l’interdiction de savoir c’est mordre au fruit défendu : celui de la connaissance. Ce n’est pas une faute, c’est une nécessité absolue pour reprendre le pouvoir de sa vie.

2005.
Pâte de verre. Métal
diam. 0.69m – 0.30m
Photo : Michel Dubreuil